L’Institut séculier des Filles de Notre Dame de l’Inculturation
a été fondé au Bénin (Afrique de l’Ouest) au début des années 2000.
La pré-histoire et le discernement
Du Sillon Noir à NDI
Les débuts de NDI
La naissance de l’Institut
La pré-histoire
L’Institut Notre Dame de l’Inculturation est né dans le prolongement du mouvement d’inculturation au Bénin nommé Sillon Noir. Ce mouvement est né à Bohicon lors de la Journée des missions de l’année 1970 en réponse à une homélie de l’abbé Barthélemy Adoukonou sur l’urgence de « donner au Christ les nations en héritage ».
Ce mouvement s’est conçu dès le départ comme une interpellation adressée à tout chrétien africain d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de la culture de ses ancêtres en la faisant entrer dans l’héritage du Christ. Les premiers interpellés étaient les sages, pour la plupart convertis du culte Vodun, qui ne pensaient pas que dans leurs traditions culturelles pouvaient se trouver encore des éléments compatibles avec le message évangélique. Dès lors, ces sages de la tradition se sont résolument engagés dans une recherche systématique dont ils apportaient les résultats chaque semaine pour confrontation et discussion méthodologique en vue d’un discernement culturel : reconnaître les Semences du Verbe cachées dans leur culture d’une part, et d’autre part percevoir les éléments de cette même culture qui avaient à répondre à l’appel de conversion évangélique.
En 1980, un groupe de jeunes étudiants a rejoint ces sages de la tradition pour aller à leur école et porter avec eux ce grand projet missionnaire, avec le bagage de leurs formations universitaires. Ces jeunes ont pris le nom de Ana (qui signifie « pont » en langue locale fon). Ils concevaient leur mission comme celle de construire des ponts : pont entre tradition et modernité, pont entre les diverses cultures africaines (étant eux-mêmes de différentes cultures), pont entre l’Afrique et l’Occident (où plusieurs ont séjourné pour leurs études) ainsi qu’avec les autres cultures.
Parmi eux, Edouard Adé, étudiant en sociologie et en anthropologie. Devenu prêtre pour le diocèse de Cotonou, il y créa en l’an 2000 une maison de discernement vocationnel pour jeunes filles : la maison St Jean Baptiste. Ce terrain d’expérience personnelle avec le Christ et de conversion profonde du cœur se fera avec ces jeunes filles qui, sentant en elles l’appel de Dieu à lui consacrer leur vie, chercheront à répondre à leur vocation en faisant le discernement et la conversion culturelle dans leur propre vie à travers une expérience de vie communautaire. Chacune à leur tour, elles rejoindront les maisons de formation de diverses communautés religieuses.
Toutefois, du sein de cette maison de discernement, le Seigneur fit germer dans le cœur de l’une de ces jeunes filles, Catherine Odile Gbedolo, le désir de servir l’œuvre de l’Inculturation par le don total de sa vie.
Appel et discernement
En venant à la maison de discernement St Jean Baptiste, Catherine voulait entrer dans une congrégation qui l’avait accompagnée et qu’elle aimait beaucoup car les sœurs avaient su lui donner le sens de la radicalité évangélique. Elle y trouvait un refuge sûr pour aller au Ciel. C’est cette même congrégation qui l’avait inscrite à la Maison St Jean Baptiste pour son discernement.
En 2000, P. Edouard accompagna une retraite ignacienne au monastère des Cisterciennes de Parakou à laquelle furent conviées les filles en discernement de la maison St Jean Baptiste. Ce fut par les partages des méditations de Catherine, lors des rencontres personnelles, que P. Edouard commença à percevoir ce que le Seigneur voulait entreprendre à travers elle.
Après cette retraite, P. Edouard demanda à Catherine d’aller dans la congrégation qui l’accompagnait ou voir auprès de diverses congrégations si elle n’était pas appelée à y réaliser sa vocation. Aucune toutefois ne semblait répondre aux aspirations qui habitaient son cœur, aucun charisme ne rejoignait ses intuitions les plus profondes. Après la dernière congrégation qu’elle eut visitée, grâce à l’échange avec le fondateur de cette communauté, Catherine comprit qu’elle ne devait plus chercher mais vivre simplement selon l’appel que le Seigneur mettait dans son cœur.
Elle retourna dans la maison St Jean Baptiste pour mettre en œuvre ce qu’elle ressentait. Elle finit par se demander si l’expérience qu’elle vivait avec les autres filles au sein de la maison de discernement ne pouvait pas devenir une forme de vie en tant que telle, c’est-à-dire une vie toute donnée à Dieu au cœur du monde, en continuant chacune à faire des études ou exercer un métier. Elle mit beaucoup d’espoir dans cette expérience communautaire, nommée Tout Pour Jésus. Mais, petit à petit, les deux autres filles qui menaient cette vie avec elle entrèrent, chacune de son côté, dans une maison de formation religieuse. Ce fut une immense déception pour Catherine de voir ses compagnes prendre chacune une autre direction après avoir rêvé ensemble d’un projet de vie communautaire auquel elle devait désormais renoncer. Malgré ce déchirement, elle continua ses méditations quotidiennes de la Parole de Dieu, dans la confiance qu’Il lui montrerait là où Il l’attendait. Après deux ans à St Jean Baptiste, il lui fallait quitter la maison, afin que son cheminement n’influençât pas les autres filles en discernement.
Avant qu’elle ne parte, P. Edouard tint à ce qu’elle fasse une retraite à partir des textes de la semaine Sainte. Au cours de sa méditation sur l’évangile dans lequel le Seigneur envoie ses disciples préparer la Pâque, elle eut la consolation en même temps que la certitude que le Seigneur avait déjà tout préparé pour elle et que la communauté dans laquelle Il la voulait existait déjà, une communauté dont le charisme comprenait toutes les dimensions de conversion et toutes les dimensions de la culture. A la fin de cette retraite, P. Edouard comprit que le Seigneur révélait, de manière insoupçonnée, quelque chose du mystère de son projet providentiel. C’est à ce moment qu’il remit à Catherine une plaquette de Notre Dame de l’Inculturation*. En lisant le charisme et la spiritualité qui y étaient présentés, elle entendit une voix intérieure lui murmurer qu’elle avait enfin trouvé ce qu’elle cherchait. Catherine demanda à rencontrer les sœurs de cette congrégation, répondant aux désirs de son cœur, ne comprenant pas pourquoi P. Edouard ne les lui avait pas fait connaître plus tôt. Il la conduisit ainsi, non pas dans une communauté religieuse, mais à la rencontre du p. Barthélémy Adoukonou. A la fin de la récollection qu’elle vécut avec lui, face à son insistance pour rencontrer « les sœurs de la plaquette », p. Edouard lui révéla que cette communauté n’existait pas : la plaquette était celle des prêtres. Ce fut un choc : Catherine avait pourtant reçu la conviction profonde que le Seigneur l’avait précédée… P. Edouard lui demanda alors de continuer à prier dans la confiance que, si telle était véritablement la volonté de Dieu, il lui donnerait un signe ainsi que des sœurs pour vivre de ce charisme avec elle. En attendant, Catherine continua à vivre, seule, selon le mode de vie à laquelle elle se sentait appelée, c’est-à-dire une vie de prière pétrie de la Parole de Dieu, tout en exerçant une profession au cœur du monde.
* Cette plaquette a été écrite en 1992 par p. Barthélemy Adoukonou et P. Edouard Adé
Les début de NDI – La naissance de l’Institut
Le Seigneur avait fait germer très tôt dans le cœur de la jeune Catherine Odile Gbedolo le désir de servir l’œuvre de l’Inculturation par le don de sa vie. Bien que s’étant rapprochée de plusieurs congrégations religieuses, elle n’intégra aucune d’entre elles car aucune ne lui permettait de trouver une réponse à sa vocation particulière. Le Seigneur avait en effet déposé dans son cœur le désir de vivre la radicalité de l’Evangile au cœur du monde ; elle se sentait ainsi appelée à être un humble instrument d’évangélisation de la culture par une conversion personnelle toujours plus profonde.
Confiante que la Providence lui donnerait les moyens de répondre à Son appel, elle continua à en vivre personnellement, par une vie de prière pétrie de la Parole de Dieu, tout en exerçant sa profession.
De nombreux mois plus tard, alors qu’elle était occupée par des tâches ménagères, elle rencontra une jeune fille, Mireille, qui s’étant perdue, lui demanda son chemin afin de se rendre à une retraite pour les aspirantes. Catherine trouva quelqu’un pour conduire Mireille et se remit à sa tâche. A la fin de la session, Mireille vint la remercier et lui demanda à cheminer avec elle. Tel était le signe du Seigneur et en même temps la première sœur qu’Il donna à Catherine. Elles se retrouvaient ainsi de manière hebdomadaire pour des partages autour de la Parole de Dieu. Peu de temps après, Mireille fit part de ce qu’elle vivait à une de ses amies, Anastasie. Celle-ci vint à son tour les rejoindre pour cheminer ensemble.
L’expérience communautaire a ainsi réellement débuté en septembre 2004, six aspirantes ayant rejoint Catherine qui avait déjà commencé à vivre de cet appel depuis quatre ans. Les débuts de NDI ont été vécus à l’image des premières communautés chrétiennes, où tout était mis en commun, en comptant sur la Providence Divine pour subvenir aux besoins de la communauté naissante. Elles étaient matériellement soutenues par leurs parents et les amis de St Jean Baptiste, la maison de discernement dans laquelle Catherine avait cheminé. Les premières années ont été marquées par des déménagements successifs, la communauté n’ayant pas de maison qui lui appartenait et donc pas d’endroit fixe pour poser sa tête, comme le Fils de l’homme.
L’esprit de partage, de fraternité, d’ouverture et de simplicité ont été immédiatement au cœur de l’expérience commune des premières Filles NDI avec, dès le commencement, un soin tout particulier accordé aux temps de pardon communautaire.
Au fil du temps, l’expérience s’est concrétisée.
Le 1er mai 2005, a eu lieu la célébration de la consécration de la première Fille NDI, en la personne de Catherine, à la chapelle des Religieuses de l’Assomption à Abomey.